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Jérôme Gannat : « On veut que ce soit parfait »

Sur la route du Tour d’Italie Espoirs, plusieurs réserves de WorldTeams vont se tester une dernière fois à partir de ce mercredi sur l’Alpes Isère Tour (2.2). Pendant cinq jours, sur un terrain varié où elle s’est déjà illustrée, la Continentale de la Groupama-FDJ aura de quoi se distinguer autour du rapide Lewis Bower et de son grimpeur Maxime Decomble. Avant le début de l’épreuve de Classe 2, DirectVelo a fait le point avec Jérôme Gannat, le directeur sportif de la formation basée à Besançon.

DirectVelo : Qu’attends-tu de l’Alpes Isère Tour ?
Jérôme Gannat : C’est une course qui nous tient à cœur, surtout l’étape de Charvieu-Chavagneux. Nous avons été trois fois vainqueurs là-bas. En 2019, Karl-Patrick Lauk avait remporté la première victoire UCI de la Conti. Marijn van den Berg avait gagné sous la pluie, Noah Hobbs s’était imposé l’an passé avant de gagner à nouveau deux jours plus tard. Au classement général, ça a un peu moins marché pour nous mais il y a eu la 2e place de Romain Grégoire. C’est une très belle course. Le plateau est toujours très bon, avec beaucoup d’équipes de développement et de jeunes coureurs. Cette année, il n’y a pas les ProTeams Bardiani et Kern Pharma qui avaient un petit peu modifié la course l’an dernier. Cette fois, la course s’annonce très ouverte, car de nombreuses équipes n’ont pas forcément de sprinteurs. Je pense que les échappées vont mettre du temps à se développer. Pour tous les favoris du général, le but sera bien sûr de ne pas trop perdre de temps vis-à-vis d’autres candidats à la victoire finale avant la dernière étape de dimanche. Le général se fera sur la dernière étape de toute façon. Pour nous, le tracé correspond plutôt bien à Maxime Decomble.

Pour lui, ce sera un vrai test cette semaine et notamment l’étape de montagne ?
Oui, ça va être un très bon test. Il sera notre coureur protégé cette semaine. L’an dernier, il avait fini 16e du général, c’était sa première expérience à ce niveau-là. Il a passé un cap cette année. On se souvient de ce qu’il a fait en février sur le chrono d’O Gran Camino. Sa performance était exceptionnelle là-bas, en terminant notamment devant Magnus Cort Nielsen.

Il est devenu le leader de la Conti, lui qui passera dans la WorldTeam l’an prochain…
Il y a une bonne cohésion autour de lui, les autres coureurs sont prêts à s’investir pour lui. C’est une locomotive, aussi grâce à sa bonne humeur. On pourrait penser qu’il pourrait s’orienter un peu plus sur les courses avec l’équipe WorldTour mais l’Alpes Isère Tour, le Giro Next Gen, voire le Tour de l’Avenir s’il est sélectionné, vont lui permettre aussi de passer un cap parce qu’il va jouer les premiers rôles sur ces courses-là. Ça va être intéressant pour lui et important parce que quand tu joues les premiers rôles, c’est quand même plus intéressant et plus motivant. Dans la formation d’un coureur, c’est mieux.

« UN POINT DE PASSAGE OBLIGÉ  »

L’Alpes Isère Tour, c’est pour l’équipe le dernier test avant le Tour d’Italie Espoirs…
C’est un point de passage obligé pour être performant au Giro. On était absent en Italie l’an passé. Cette année, l’objectif sera d’être très présent sur une course qui est l’une des plus belles chez les Espoirs, avec le Tour de Bretagne dans un autre registre. Il y aura 14 réserves de WorldTeam en Italie, ça reste une référence chez les jeunes. Nous avons mis des choses en place pour réussir là-bas, une partie des coureurs sort d’un stage à La Clusaz.

Comment juges-tu la saison de l’équipe jusqu’à présent ?
La saison, au niveau des victoires, est bonne. Il y en a deux, Lewis (Bower) à la Boucle de l’Artois, et Eliott (Boulet) lors d’une étape du Tour de Bretagne. L’effectif a été, comme chaque année, un peu chamboulé. On est reparti avec la moitié de nouveaux coureurs. Donc, il y a toujours une mise en route qui est un peu plus longue pour qu’il y ait une bonne cohésion d’équipe. Notre stage va permettre aussi d’avoir une meilleure cohésion.

Il y en a besoin ?
Il y en a toujours besoin, parce qu’on veut que ce soit parfait. L’objectif reste de former des coureurs pour la WorldTeam et au plus haut niveau, le collectif est très important. Nous avons beaucoup de coureurs qui sortent de la catégorie Juniors. Pour eux, c’est une période d’apprentissage qui est très importante et parfois, il faut modifier un peu les choses pour que tout soit parfait.

LEWIS BOWER, « UN BON EXEMPLE »

Est-ce qu’un coureur a encore le temps d’apprendre à ce niveau-là où les équipes attendent tout de suite beaucoup de lui ?
On va dire que les choses ont quand même pas mal évolué dans la Conti, si on compare par rapport à 2019. Les premières années, on avait une moyenne d’âge d’un peu plus de 21 ans. En 2023, on était retombé à 18,2, soit l’équipe la plus jeune jamais enregistrée à l’UCI. On sait que maintenant, avec la concurrence de toutes les équipes de développement, le recrutement se fait de plus en plus jeune. Il y a des coureurs qui sont passés directement des Juniors au WorldTour mais ça reste des exceptions. Maintenant, on se dit qu’à 20 ans, si un coureur n’est pas passé en WorldTour, ce sera compliqué pour lui ensuite alors que ce n’est pas vrai. Chacun a un profil différent. Il y a des coureurs qui peuvent émerger un peu plus tard. Parfois, il faut laisser le temps, mais c’est au staff de voir jusqu’où peut aller le coureur. Nous avons l’exemple de Lewis Bower qui est resté trois ans dans la Conti en arrivant de Nouvelle-Zélande à 18 ans. C’est un bon exemple…

Depuis plusieurs années, les meilleurs Juniors sautent la case amateur pour aller directement en Continental. On peut imaginer que de plus en plus de coureurs sauteront la case Conti pour passer directement en WorldTour… Est-ce que les Conti auront toujours un vrai intérêt ?
Si on en parle avec Lenny Martinez ou Romain Grégoire, je pense qu’ils diront que leur année en Conti a été très formatrice et que c’était nécessaire pour eux. Peut-être que pour d’autres, ce n’est pas forcément le cas, mais franchement, des coureurs qui sortent de Juniors, qui passent au niveau WorldTour, il y en aura très peu quand même.

Pour revenir à la Conti Groupama-FDJ, il n’y aura que neuf coureurs enregistrés à l’UCI au 1er juin avec le passage de Lewis Bower dans la WorldTour… Est-ce que vous allez recruter un coureur supplémentaire comme le demande le règlement UCI ?
Il y a eu un recrutement interne dans la WorldTeam après l’arrêt de Lars van den Berg, ce qui est un point positif car l’équipe aurait pu chercher ailleurs. Effectivement, il y aura sans doute un dixième homme qui sera recruté mais on ne veut pas le prendre par défaut. On veut un coureur pour le former et travailler avec lui sur du long terme, avec un profil particulier et qui peut être intéressant pour la Conti, en 2025 et 2026. 

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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