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«Le sport, ce n’est pas que les coupes et les médailles»

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Christine Majerus«Le sport, ce n’est pas que les coupes et les médailles»

Depuis dimanche après-midi et sa dernière course professionnelle, Christine Majerus (37 ans) est désormais retraitée du peloton. 

Quels sentiments vous traversent l’esprit, au moment de remiser définitivement le vélo?

Christine Majerus: C’était tout de même une semaine émouvante pour moi, c’était vraiment la dernière fois que j’étais avec l’équipe, que l’on faisait les petites routines, les massages, les sorties ensemble, les briefings. Des choses qui ont rythmé ma vie durant les seize dernières années. Et de se dire que cela s’arrête définitivement, cela fait couler quelques larmes. Mais on était là aussi pour être performantes, et pour gagner cette course. Cela m’a coûté de l’énergie d’effectuer mon travail, car il y avait aussi ce côté sentimental à gérer. Je pense qu’on a bien fait et je suis super contente de rentrer avec une victoire pour Lotte (Kopecky).

L’équipière modèle que vous êtes tenait bien sûr à terminer avec le sentiment du devoir accompli?

C’est ce qui m’a motivé durant toutes ces années passées chez SD Worx (NDLR: depuis 2014). Je n’ai jamais été vraiment le leader, mais je sais ce que je faisais au quotidien était super important, et représente une part dans nos victoires. Je suis fière d’avoir fait ça durant toutes ces années, et d’avoir contribué aux succès de toutes nos belles championnes. Je sais qu’elles sont reconnaissantes et c’est le plus important pour moi.

Vous avez repensé à un moment de votre carrière en particulier durant votre dernière course?

Non, en fait j’étais triste mais c’était un sentiment ambigu, car je sais que ma décision est la bonne. Je ne sais pas où le futur m’emmènera, mais j’avais à cœur de finir sur une belle note, et en ne gardant que des beaux souvenirs. Je ne voulais pas faire la saison de trop, et s’arrêter une année olympique je pense que c’est le moment parfait. J’étais encore à un niveau où j’arrivais peser sur la course et ça c’est important.

De quoi sera fait votre après-carrière ?

Je ne peux pas encore vraiment me prononcer. Je vais avoir prochainement quelques rendez-vous, qui seront déterminants pour mon futur. J’ai envie de rester dans le sport, car on ne quitte pas son ancienne vie d’un claquement de doigts. Mais d’un autre côté, j’ai envie de découvrir autre chose, d’avoir d’autres challenges dans d’autres domaines. Tout est encore ouvert, je me laisse jusqu’à la fin de l’année pour prendre ma décision. J’ai envie de profiter encore quelques jours avec l’équipe, car on a trois jours à passer ensemble pour des obligations liées aux sponsors. Mais j’ai encore envie de profiter de cette équipe qui était comme une seconde famille pour moi.

Au début de votre carrière, vous auriez imaginé passer dix ans dans la meilleure formation du cyclisme féminin ?

Ce n’était pas le plan au départ. D’ailleurs, il n’y avait pas de plan au départ (rires). Je suis fière d’être restée fidèle à cette équipe, même si on me disait qu’ailleurs j’aurais pu jouer le rôle de leader. Mais j’ai toujours apprécié l’ambiance familiale ici. Il y a eu des changements, des filles qui sont parties et venues, mais je sais ce que je dois aux gens avec qui j’ai travaillé durant toutes ces années. Ils m’ont fait confiance au départ, ce n’était pas évident, car je n’offrais pas de garantie, j’en suis reconnaissante. Ce n’est pas seulement des coéquipières, la plupart sont devenues des amies, et je sais que l’on restera en contact. Le sport, c’est des rencontres, un relationnel qu’on crée et c’est le plus beau, il n’y a pas que les médailles et les coupes, et ça on l’oublie. Il ne faut pas perdre de vue que le plus important, c’est l’humain.



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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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